DES NERFS POUR RÉGULER LE CORPS
John Signer | Mai 2025
Comprendre les bases en neurosciences
À l’image d’un capitaine tenant fermement la barre de son navire en pleine tempête, le cerveau joue un rôle central pour maintenir le corps en équilibre, qu’il s’agisse de situations extrêmes ou des fonctions les plus élémentaires.
Tu l’auras compris : dans cet article, nous allons parler de régulation. Le cerveau est au cœur de ce processus. Il reçoit des signaux (ou feedbacks) en provenance de toutes les parties du corps via les nerfs, puis envoie à son tour des signaux nerveux adaptés pour y répondre.
Des signaux nerveux pour assurer notre survie
Quand tu es stressé, les battements de ton cœur s’accélèrent. Lorsque tu fais du sport, ta respiration s’intensifie. Lorsque tu as faim, tu vas naturellement chercher à te nourrir.
Tu t’en doutes, ni ton cœur, ni tes poumons, ni ton estomac ne prennent cette décision seuls. Une multitude de récepteurs, agissant comme des capteurs de signaux sensoriels mécaniques ou chimiques, perçoivent ce qui se passe dans ton environnement – interne comme externe – et déclenchent une réaction en conséquence. Comment ? En envoyant des signaux au système nerveux central. Deux voies sont possibles :
– Certains récepteurs présents à la surface des cellules peuvent déclencher une cascade d’événements menant à la libération de signaux chimiques, appelés hormones, dans le sang. Ces hormones diffusent notamment jusqu’à l’hypothalamus, une région du cerveau qui agit comme une centrale de régulation de tes rythmes biologiques, de la faim, de la soif, du métabolisme et des niveaux hormonaux.
– Sur les neurones, une multitude de récepteurs peuvent induire la génération d’un signal électrique lorsque les neurotransmetteurs correspondants sont présents. Ce même signal remonte au système nerveux central via des structures appelées nerfs.
Système nerveux autonome et somatique
Ok… mais concrètement, les nerfs, ils font quoi ?
Okay. Je vais t’expliquer le rôle des nerfs à travers un modèle simple.
Imagine qu’il y a des molécules partout autour de toi – dans ton environnement externe comme à l’intérieur de ton corps. Certaines de ces molécules, quand elles ont une importance biologique, sont détectées par des récepteurs situés à la surface des neurones.
Quand leur concentration devient suffisante… bam, la membrane du neurone se dépolarise : un signal électrique est déclenché et circule le long du neurone (plus d’info dans le premier article).
Plusieurs de ces neurones – qu’on appelle sensoriels – relaient ce signal jusqu’à ce qu’il atteigne les régions du cerveau chargées de traiter l’information. Une fois analysée, une réponse appropriée est générée, cette fois par des signaux nerveux descendants, qui repartent du cerveau vers le corps.
Bon, finalement ce n’est pas si simple.
Je pense que le mieux, c’est qu’on continue avec quelques exemples concrets.
Les battements de ton coeur s’accélèrent
Tu es invité à présenter l’un de tes projets lors d’une conférence. Il y a beaucoup de monde et c’est la première fois que tu fais quelque chose de pareil. Ton cœur s’accélère. Pourquoi ? C’est du stress. Tu entends les voix du public derrière les rideaux — tu aperçois le premier rang qui semble dans l’attente – tu appréhendes de ne plus savoir quoi dire.
Bien qu’aucun danger ne te menace, ton corps se met en état d’alerte. Ce que tu as perçu en voyant et en entendant le public va être transmis par les nerfs sensoriels : le nerf optique (signaux visuels) et le nerf vestibulocochléaire (signaux auditifs) vers plusieurs régions du cerveau, dont notamment deux qui nous intéressent : l’amygdale, cruciale dans la gestion de la peur, puis l’hypothalamus, responsable de l’accélération cardiaque lors du stress.
Pour faire simple, l’hypothalamus active des fibres nerveuses autonomes qui incitent les glandes surrénales à relâcher de l’adrénaline dans le sang – hormone responsable de l’augmentation du rythme cardiaque.
J’ai faim !
L’un de tes clients t’a sollicité pour une demande urgente juste avant ta pause de midi. Il est passé quatorze heures — ton ventre gargouille et tu peines à te concentrer sur ta tâche, car tu n’as qu’une seule envie : manger.
Comme cela fait un moment que tu n’as rien avalé, ton taux de glucose sanguin est faible et ton estomac est vide, ce qui induit la libération dans le sang d’une hormone appelée ghréline.
Des neurones présents dans l’hypothalamus perçoivent la présence de cette hormone dans le sang et déclenchent la sensation de faim, motivant ainsi la recherche de nourriture — un mécanisme fondamental pour la survie humaine.
Tout donner lors d’une session de sport
Tu viens de te lancer dans un projet fou : faire le tour du lac à vélo.
Dans tes jambes, les muscles que tu sollicites consomment plus d’oxygène que d’habitude afin de produire assez d’énergie pour te permettre de continuer à rouler. Ce processus génère du dioxyde de carbone (CO2), qui est libéré dans le sang.
La concentration de CO2 augmente au fur et à mesure de l’exercice, ce qui acidifie le sang. Des chémorécepteurs situés à la surface des nerfs détectent cette acidification et avertissent les centres respiratoires qu’il faut augmenter l’apport en oxygène.
Tu respires alors plus fort, plus vite.
Ce que tu as appris
Fondamentalement, tu viens de découvrir les nerfs – des structures absolument indispensables à la régulation de presque tous les processus qui se déroulent dans ton corps. Rien que ça ! Pas mal, non ?